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Bizarre, Ordinaire; diffraction métaphorique est une performance qui explore à travers le souvenir personnel de l’enfance de Nelson Irsapoullé en 1982, l'impact de la mondialisation, de l'industrialisation, et de l'exploitation des ressources naturelles. À 7 ans, iel découvre pour la première fois le fruit exotique du litchi, rapporté par son père de La Réunion. Ce souvenir s'ancre dans un contexte plus large : l'année du mondial de football en Espagne, la vie dans une cité HLM de Lure en Haute-Saône, et la hiérarchie sociale des immeubles où iel vivait avec sa famille.
Le litchi devient pour Nelson un symbole de l’échange et de la transformation. Iel raconte l’histoire de ce fruit, originaire de Chine, qui, après un long voyage, arrive à La Réunion, où il est cultivé et transformé en boîte de conserve pour être exporté. Ce processus industriel, inventé au XVIIIe siècle, est mis en parallèle avec la transformation du monde, où les produits sont détachés de leur origine et réduits à des objets de consommation. À travers ce récit, Nelson interroge la manière dont l'industrie a métamorphosé la nature et les objets, les rendant accessibles à tous mais les vidant de leurs significations profondes.
En introduisant la métaphore du dodo, un oiseau disparu au XVIIe siècle, iel évoque les pertes irréparables causées par l’homme : l’extinction des espèces, la destruction des écosystèmes et la disparition de cultures. Le dodo, chassé et exilé de son habitat naturel, devient un symbole de ce qui est anéanti par les actions humaines, de ce qui est effacé à jamais. Tout comme le dodo, certains savoirs, certains objets et certaines mémoires risquent de s'éteindre, emportés par la modernité.
Nelson questionne ainsi notre rapport à l’histoire, à la mémoire collective et à la survie. En soulignant la fragilité des espèces et des cultures face aux changements imposés par l'homme, iel suggère qu’il est encore temps de préserver ce qui reste avant qu’il ne disparaisse pour toujours. À travers cette performance, iel nous invite à une réflexion sur ce qui est en train de disparaître et sur la façon dont nous pouvons préserver ce qui peut encore être sauvé.
Conception, écriture et performance : Nelson Irsapoullé
Accompagnement à la mise en scène : Adina Secretan
Accompagnement Jeu : Latifa Djerdi
Coach Stand up : Jo Gustin
Scénographie : Sol Pagliai
Création Sonore : Frédérique Jarabo
Création Lumière : Annely Steiner
Costume : Chiara Petrini
Administration : Ars Lona
Coproduction : TU-Théâtre de l'Usine
